Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

— 155 comprendre les ennuis, les répugnances, les démarches si pénibles, si dégoütantes, si contraires à sa nature que Rouget éprouvait pour n’aboutir à rien. Le ministre était bien disposé, mais les wltra, au nom de l’auteur de la Marseillaise, refoulaient de leur cœur toute la bienveillance qu’il pouvait y avoir.

Rouget songeait à passer en Angleterre, mais le moyen matériel lui manquait! De ressources il n’en avaitaucune, d'amis il n’en avait que d'impuissants. Il comptait un peu sur une publication de 12 à 15 pages avec musique, au prix marqué de 30 sous. Pauvre poète! pauvre cigale! Compter sur cette ressource pour vivre dans un pays où les Béotiens sont aussi nombreux que les égoïstes fourmis! Son ami Weiss cherche bien à en placer des exemplaires à Besançon, mais quel triste résultat! Et pourtant Charles Nodier, qui commençait à être connu, s’intéressait à Rouget de Lisle; il vient lui rendre visite à Paris, et malgré ses protestations, ses promesses n’aboulissent à rien. Et Rouget, malgré sa bonne volonté, ses démarches, échoue dans toutes ses tentatives. Il avait aussi des relations avec Etienne, l’auteur à la mode; mais Etienne ne craignait pas d'affirmer trop énergiquement les idées napoléoniennes que lui, Rouget, avait si énergiquement combattues. De là une froideur entre eux. Le désespoir commence à gagner son cœur.

Nous sommes en 1819, au mois de février. Il ne craint pas d’avouer sa détresse et des aspirations à la mort. Voiei comment il l’exprime à son ami, à la date du 19 :

« Cher Weiss!

€ Mes peines, vous ai-je dit, touchent à leur fin. »

« Je réfléchis que cette expression pourrait vous suggérer des idées que je crois devoir prévenir. Du moment, et ce moment date de loin, du moment où je