Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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me suis vu aux prises avec de certaines adversités, j'ai pris avec moi-même l'engagement de ne jamais m'y soustraire par des moyens qui répugnent à toutes mes idées de courage, à tous mes principes de morale. Le dénouement arrivera done bientôt. Où? Comment? Je l'ignore. Mais il sera naturel. La lampe s’éteindra faute d'huile; mais je ne jetterai point l’huile hors de la lampe. »

Il faudrait citer tout au long et ligne par ligne cette correspondance pour voir avec quel acharnement la fortune poursuit Rouget de Lisle; nous citons les passages les plus saillants, mais ceux que nous omettons forcément sont aussi concluants pour prouver les angoisses du poète et de l'écrivain. Toujours la délicatesse de ses sentiments le retient.

« J'ai voulu, dit-il, tenter La carrière des journaux; € mais pour y avoir accès il eût fallu faire abstraction « de ma conscience et de moi-même, et j’ai dû y renon« cer. » Et plus loin il ajoute : «Je ne forme pas une « espérance qui ne s’en aille en fumée, pas une crainte € qui ne devienne une catastrophe. Les chances les plus « absurbes se réalisent comme par magie, sitôt qu’elles « me sont défavorables. Qu’opposer à cela ? la résignation « du désespoir; quel parti prendre ? succomber et se « taire. »

Un moment d'espoir luit pour lui dans une entreprise qui se formait sous le nom de Jeux chevaleresques, et devait avoir son siège dans la plaine des Sablons. Il en devait avoir la direction, habiter là dans une demeure à son goût. L'organisateur et le bailleur de fonds le protègent tous les deux et l’appuient de leur estime. Mais voilà qu'au moment de réaliser l’entreprise le