Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

ÉTOILE POST

— 174 —

C'était en avril que Rouget écrivait cette leltre où perçait un commencement de désespoir. Il s’accentue, et en juin il écrit, à la date du 23, une lettre tout à fait désespérée.

C’est l’avant-dernière de la correspondance que nous possédions et qui se trouve à la bibliothèque de Besançon. Nous allons reproduire ces deux dernières lettres, la dernière est du 10 juillet 1823. Nous avons vu que les premières relations de Rouget de Lisle et de Béranger remontent au mois d'août 1823. Et si le lecteur veut bien se le rappeler, nous avons achevé la première partie de ce travail en suivant jusqu’à la mort de Rouget l'historique de sa vie, dans laquelle Béranger a joué un rôle si bienveillant, si cordial et si généreux. Dès maintenant nous pouvons affirmer par tout ce qui précède que Rouget de Lisle, dans la longue série des malheurs qu’il a éprouvés, dans les cruelles déceptions, dans les amères privations de sa vie, à connu les bienfaits de deux véritables amis, Charles Weiss, une des gloires de Besançon, et Béranger, une des gloires les plus pures de la littérature française. Le nom de ces deux hommes serait inserit avec justice au temple de la Fraternité, si n0S progrès réalisés étaient assez avancés pour qu’on lui en ait élevé déjà. Nous allons voir que, dès 1823, Rouget de Lisle, poussé à bout par la misère, avait résolu de mettre à exécution le projet dont Béranger arrêta l’accomplissement en 1828.

L'ouvrage sur lequel comptait Rouget de Lisle pour lutter contre la misère ne parut qu’en 1825. À cette époque il habitait 21, passage Saulnier. Des recherches faites pour trouver la trace de son habitation dans ce séjour n’ont donné aueun résultat, et pourtant le passage Saulnier était alors ce qu’il est resté aujourd'hui.