Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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qui conduit son fils au collége de Besançon. Cette chère petite dame Rodet était la maîtresse du café de Lons-leSaulnier, que les cuirassiers de l'Empereur avaient saccagé en 1814, au retour de l’île d’Elbe. Rouget passe pour avoir été l’intime ami de cette dame. Elle compte, dit-on, pour une des rares femmes qui avaient fait battre son cœur. Gloire lui en soit rendue !

Dans la correspondance de Rouget avec Weiss, en 1824, rien de nouveau, sinon les préoccupations constantes et les soins que Rouget apporte à la confection de son volume, son seul espoir de salut. Durant cette année, Rouget et Weiss se sont vus quelques moments à Paris où ce dernier a fait une apparition.

En décembre 1825, commencent à paraître les premiers exemplaires des Chants francais. Immédiatement, Rouget en fait part à son ami. Et dans une lettre datée de janvier 1825, Weiss ayant traité Rouget de compositeur, celui-ei le reprend : « Je suis compositeur, « mon ami, comme un faiseur de charades est poète. » Assurément Rouget ne péchait pas par excès de vanité.

Les journaux commençaient à apprécier la publication de Rouget de Lisle. Le Mercure en avait parlé avantaseusement; mais la défection de M. Ternaux qui avait promis une avance de fonds à Rouget, le peu d’écoulement des volumes publiés avaient jeté une profonde inquiétude dans l'esprit de l’auteur, qui avait surtout la préoccupation de rembourser ce qu’il pouvait devoir. Il ne songeait pas personnellement à lui, habitué à vivre de privations. Rouget de Lisle habitait alors 21, passage Saulnier. — Ce pauvre Rouget, toujours aux expédients pour tirer parti de ses œuvres, voyait son volume s’écouler lentement, péniblement. C'était le contraire de ce qu'il rêvait, car nous sommes en mars et il avait à payer 2,000 francs; il comptait sur la rentrée du double de