Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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dant la main pour la famille malheureuse du pauvre chansonnier Debraux :

& Ah ! du talent, le besoin est l’écueil. »

€ Il y aura demain huit jours que, dans une asssem« blée à l'administration de l'Opéra, les ordres furent « donnés pour que Macbeth fût joué dans six semaines. « Je dois vous dire que différentes raisons ont nécessité € la révélation de mon nom au terrible vicomte.

« Une très aimable dame s’est chargée de cette négo«€ ciation; elle a parfaitement réussi. Il a été convenu « que l'ouvrage resterait sous le nom de son père puta€ tif; mais mon nom n’est plus un secret, et je ne garde € plus qu'un demi-incognito. Ceci me met en position « de surveiller et de suivre les répétitions de loin en « loin ; chose essentielle.

« Or, mon pauvre ami, tel est l’état où, d’encore en « encore, se trouve réduite ma garde-robe, qu’à la lettre € je ne puis me présenter nulle part, surtout vis-à-vis « de gens pour qui l’écorce est tout, et qui, par état non € moins que par caractère, ne jugent un oiseau que par € le plumage. De là résultent les dépenses nécessaires € de quelques vêtements et d’un peu de linge. A quoi Q il faut joindre ce qui reste à payer des malheureux € 2,000 francs dont je vous ai tant ennuyé, puis ce qu'il € me faut pour vivoter jusqu’au moment qui doit enfin « décider de mon sort.

€ Pour subvenir à tout cela, j'ai imaginé d’emprunter « 1,200 francs imputables, jusqu’à concurrence de « paiement, sur la première représentation de Macbeth. Observez que rien n’en est aliéné, qu’une pièce ne tombe jamais à ce spectacle comme aux autres, et qu'il « n'en est aucune qui ne soit jouée de quinze à vingt

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