Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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à mieux tirer parti du génie qu’il devait à la seule nature et dont il n’a laissé qu’une preuve impérissable, faute d’une bonne fée qui n’eût pu devenir son Mentor qu’à la condition de ne pas changer de sexe.

« J'ai bien regretté de ne l’avoir pas vu avant sa mort. Si cette triste nouvelle me füt parvenue plus tôt, je me serais rendu à Choisy pour assister à ses obsèques, où le devoir ne m’appelait pas moins que l'amitié.

« Vous me dites, madame, que le général a écrit pour demander les intentions du gouvernement relativement aux honneurs à rendre aux restes de l’auteur de La Marseillaise. Je doute qu’on prenne aucune disposition à cet égard. Peut-être une souscription procurerait-elle les moyens de lui élever un modeste tombeau. Je n'ose toutefois pas l’assurer, dans un temps comme le nôtre et chez une nation aussi oublieuse. Dans mon opinion, je crois les tombeaux chose fortinutile chez nous. Pourtant, si la souscription avait lieu, je ne serais certes pas des derniers à y prendre part; mais la crainte de l’insuccès ne me fera pas entreprendre de la mettre en train. »

Voilà donc une lettre qui donne une appréciation vraie sur Rouget de Lisle et sur le point qui lui a fait défaut dans son existence. Rouget lui-même l'avait bien compris; mais sa nature rêveuse, enthousiaste, droite et honnête, débonnaire au fond, peu faite pour se débrouiller dans les intrigues qui généralement accompagnent et précèdent nos mariages au xix° siècle, sa nature l'avait empêché de trouver

Femme diserète Et joliette, Maïs pas coquette,

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