Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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lité la dernière de la Royauté. Beaucoup d'officiers étaient royalistes constitutionnels, entachés de feuillantisme pour me servir d’un mot consacré.

On tenait beaucoup, surtout aux frontières de l’est et du nord, à avoir à la tête de l’armée des généraux en qui on püt avoir une confiance absolue. Or, tel n’était pas le cas de la garnison de Strasbourg où commandait le général La Morlière, âgé de 86 ans. Le maire Diétrich, excellent administrateur, est dépeint par le général Biron, dans sa correspondance confidentielle, comme ambitieux et, par suite, vacillant dans ses principes. On avait été jusqu’à crier : Vive le roi! dans le camp de Wissembourg. Les Jacobins dénonçaient ces agissements. Il fallait savoir la vérité. Carnot et Prieur furent délégués pour aller vérifier les faits et raviver le sentiment patriotique. On interrogea nominativement les officiers sur l’acceptation de la prise des Tuileries et du nouvel état de choses qui en pouvait résulter. Le général La Morlière donna son adhésion franchement. Mais il n’en fut pas de même du prince de Broglie, chef d'état-major, du due d’Aiguillon, maréchal de camp, et d’autres officiers. Parmi ceux-là se trouvaient Caparelli et Rouget de Lisle. Le premier, après quelques hésitations, accepta les faits accomplis. Rouget protesta. Dans son rapport, Carnot traita Rouget de caractère irascible et chagrin et de pauvre tête politique. On voit, par là, que ces deux grands hommes maladroitement se dépréciaient l’un l’autre. Rouget ne resta pas dans les rangs de l’armée, ilerrait en Alsace, et c’est à la suite de ce refus qu'il fut arrêté et incarcéré à Saint-Germain-en-Laye, malgré le concours puissant de la Marseillaise dans nos suceës militaires.

Il sortit de prison après le 9 thermidor et nous avons

vu ce qu’il devint par ce qui précède. Pour revenir à ses