Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise
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« et se remettre en marche en répétant avec enthou€ siasme le chant sacré. Alors je les rallie, jen forme € une colonne serrée à laquelle je donne le nom de colonne « de Jemmapes ; je les dirige sur le bois qui protégeait « les redoutes autrichiennes; et nous les enleyèmes € à la baïonnette. » "
Ce fait répond bien victorieusement à M. Granier de Cassagnac, qui n’a pas craint d'écrire à propos de la Marseillaise : « Tout le monde aujourd’hui connaît € la Marseillaise et sait ce que vaut ce chef-d'œuvre € boursouflé d’un Tyrtée de garnison. »
Quand on obtient de semblables résultats avec des boursouflures de ce genre, il faut qu’elles soient bien solides !
Que d'autres détails encore sur la puissance de l’œuvre de Rouget.
Nous terminerons par un exemple pris dans la relation des voyages du capitaine Baudin. Il était alors sur la terre de Diémen :
« Tandis que nos bons Diéménois prenaient ainsi leur € repas, il nous vint à l’idée de chanter, moins sans € doute pour les divertir que pour connaître l’effet de € nos chants sur leur esprit et sur leurs organes. Dans « ce dessein, nous choisissons un chant si malheureu€ ment prostitué dans la Révolution (4 Marseillaise), mais si plein dechaleuret d'enthousiasme et si propre à remplir notre but. Au premier instant les sauvages parurent troublés encore plus que surpris; mais, après quelques moments d'incertitude, ils prétérent une « oreille attentive; le repas fut suspendu, et les témoi« gnages de leur satisfaction se manifestérent par des € contorsions et des gestes bizarres; à la fin de chaque € Strophe, de grands cris d’admiration sortaient de « toutes les bouches; le jeune homme surtout était
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