Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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trois lieues de Castel-Branco, où il put nous rejoindre, quelques heures après notre arrivée, avec une centaine d'hommes.

Le lendemain, nous partimes, avec toute l’artillerie, pour Abrantès. C’estseulement alors que les tribulations de notre bataillon commencérent. La première journée, nous ne fimes que deux lieues et demie, par des chemins effondrés et abominables, et à travers des montagnes où jamais voiture n'avait passé. Nous traversàämes un torrent profond, où nous perdimes deux hommes et un cheval, ainsi que les fusils de plusieurs des nôtres. Enfin nous arrivämes dans un village abandonné des habitants. La troupe et les chevaux mouraient de faim ; chacun cherchait à manger où il pouvait, aussi ce fut un pillage général. Je tombais heureusement dans un poulailler, où je fis main-basse sur tout ce que je rencontrai. Sans cette ressource, je serais mort de faim ainsi que mon colonel. Le jour suivant, la marche fut encore plus pénible. Nous ne fimes qu’une lieue et demie, et nous fûmes obligés de bivouaquer sur la route. Letroisièmejour, malgré des efforts inouïs, nous ne fimes que trois quarts de lieue, et nous arrivàmes

dans un village presque abandonné, où nous trou3