Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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vâmes cependant quelques vivres, qui sufisaient Pour nous soutenir pendant quarante-huit heures. Nous avions deux chèvres pour trois cents hommes et vingt-cinq châtaignes par jour pour chaque ration, avec un quart de livre de pain et une chopine de vin. Le jour suivant, nous avançèmes un peu plus, et nous fimes une étape de trois lieues et demie. Nous rencontrâmes encore un grand village, qui avait été pillé par trois cents traînards de l’armée. En général, ce sont toujours ces gaillards-là qui font le plus de mal. Aussi une vingtaine d’entre eux furent-ils fusillés, pour donner Pexemple d’une discipline sévère dans un pays où nous n’entrions point comme ennemis.

Arrivant dans un village pillé, nous n'avions plus aucune ressource. Les premiers corps de l’armée française ayant passé plusieurs jours avant nous, il nous fallait, bien qu’exténués de fatigue, aller à la recherche de villages habités. Dans ce but, je pris un jour avec moi une dizaine d’hommes de la compagnie vaudoise. Dès le commencement de la battue, nous rencontrâmes plusieurs cochons déjà blessés de coups de sabre et de baïonnette; mais, devenus très sauvages, ils ne purent être tués qu’à coup de fusil.