Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

GUERRE D'ESPAGNE EN 1808 ET 41809 139

disparais, aussi effrayé qu'eux, et, convaincu que j'étais tombé dans une embuscade de guérillas, je remonte à cheval et m'éloigne précipitamment. Les rebuts des deux armées se réunissaient ainsi quelquefois pour faire la guerre aux deux partis et les piller pour leur propre compte.

Enfin, le jour étant venu, et guidé par plusieurs renseignements que me donnèrent les paysans, je parvins jusqu'à une ville que je crus reconnaître pour celle de Ponte-Ferrada. Appréhendant d'y trouver les troupes de La Romana ou de Moore, je tournai sur ma droite, et enfin, après bien des obstacles, j’arrivai sur une grand’route où je rencontrai des traînards du maréchal Soult. Je parvins à Villa-Franca vers les 10 heures du matin, le 4. Là, j'appris la mort de notre brave général Colbert, tué la veille sur la grand’route, en dehors de la ville. Atteint d’une balle au front par des tirailleurs anglais, Colbert fut renversé au moment où il allait mettre son régiment en bataille. Son brave aide de camp Latour-Maubourg reçut dans le dos une balle; on le porta de suite à un logement où il resta plus de trois semaines sans faire de mouvements; il mourut dans nos bras au moment où nous voulions le relever. 6

Le maréchal Soult, qui m’accueillit, me fit déjeuner avec lui et à côté de mon ancien camarade Lecaron de Troussures; le lendemain, il se remit en marche et je cherchai à rejoindre le maréchal Ney.