Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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parvinrent jamais à la détruire entièrement. Elle existait aussi en Portugal avec plus de développement. Nous avons laissé l'Empereur à Astorga. Ce fut dans cette ville que Napoléon apprit qu’une nouvelle coalition, tramée entre la Russie et l'Autriche depuis nos premiers revers en Espagne, et achetée par l'or de l'Angleterre, venait d’éclater. L'Empereur, qui avait rétrogradé vers Valladolid, était parti précipitamment de cette ville, le 47 janvier, pour la France. Lannes, Bessières, Lefebvre, et beaucoup d’autres ne tardèrent pas à le suivre. Il laissait en Espagne Soult, N ey et Masséna, privés dès lors de combattre sous ses yeux (1).

L'Empereur veillait à ce que chacun de ses maréchaux n’eût aux yeux du soldat et de la France une réputation qui pât lui porter ombrage. Aussi, lorsqu'un maréchal s’était couvert de gloire et que le mérite du succès semblait lui étre acquis, ce maréchal était-il tenu à l'écart pendant les affaires qui allaient suivre. C’est ainsi que Soult pour Austerlitz, Lannes pour Iéna, et Ney pour Friedland furent successivement éloignés de lui Jusqu'à ce

(1) Avant de quitter l'Espagne, Napoléon avait prescrit un repos à l’armée, en attendant la fin du siège de Saragosse, et avait préparé l'entrée solennelle de Joseph à Madrid (22 jan-

vier). Ney devait cependant rester en Galice pour en achever la soumission. (Note de l'éditeur.)