Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

148 SOUVENIRS D’'OCTAVE LEVAVASSEUR

l'extrême liberté des attitudes, et peut-être parce que les danseuses outraient leurs rôles. Un jour, nous apprîmes qu'il existait une autre danse plus singulière encore, appelée le sorongo, et nous la demandâmes. Toute la salle appuya la proposition et retentit d'applaudissements. A la vue des pas et des gestes des danseuses, nous fûmes vraiment surpris qu'on pût permettre de pareilles danses en publie. A la représentation suivante, il y eut foule; et les jeunes officiers demandèrent de nouveau le sorongo. Le général Marcognet, qui commandait la place, assistait au spectacle; il crut devoir prendre la parole et défendre aux danseuses de commencer le pas. Un tumulte effroyable suivit et force fut au général Marcognet de céder aux tapageurs. Le lendemain, nouvelle scène, jusqu'à ce que, enfin, le maréchal se crut obligé d’interposer son autorité et de décider que cette danse serait donnée une dernière fois.

Nous étions tellement bloqués, que nos hommes ne pouvaient s’écarter de la ville à une portée de fusil sans courir les plus grands dangers; toute correspondance était interceptée.

Un jour, Mme de Belesta me dit, sous le sceau du secret, qu'une personne avec laquelle je m'étais entretenu la veille dans son salon, était un aide de camp de La Romana, déguisé et venu pour lever une contribution d'hommes et d’argent. Cet officier ne tarda pas à se présenter; je l’appelai dans l’embrasure d’une fenêtre. « Monsieur, lui