Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

GUERRE D'ESPAGNE EN 1808 ET 1809 149

dis-je, je sais qui vous êtes et ce que vous faites ici. Sortez immédiatement de la ville, je vous épargnerai; mais je mets à mon silence une condition, c’est de me faire parvenir une lettre en France. » Étonné et tremblant, l’aide de camp me promit tout. J’écrivis de suite, en sa présence, une lettre qu'il prit, puis il s'enfuit. Je sus, de la personne à qui j'avais adressé ma lettre, que cet officier lui en avait écrit une pour lui dire que les circonstances l'avaient forcé de déchirer ma missive, mais il donnait de mes nouvelles. Cette lettre, remise à Bordeaux par un parlementaire anglais, était parvenue décachetée par l’entremise du préfet de police de Paris.

Sur ces entrefaites, Maucune prévient que La Romana, en forces, manœuvre sur la rive droite du Douro, entre le maréchal Soult et nous. Le maréchal Ney ordonne une sortie : mais quelle est la terreur des amis que nous avons faits parmi les habitants! Plusieurs d’entre eux, redoutant les vengeances populaires, se décident à nous suivre.

Nous marchons sur Santiago et nous entrons dans cette ville, où les pèlerins de tous les pays ont coutume de se rendre (1). Je visitai la cathédrale, dont l'autel et les colonnes qui le décorent sont en argent massif. Des candélabres de sept à huit pieds de hauteur, en même métal, forment dans la nef une avenue éclatante qui conduit au

(1) Santiago ou Saint-Jacques de Compostelle en Galice. (Note de l'éditeur.)