Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

GUERRE D’ESPAGNE EN 1808 ET 1809 151

En avant de Banos, je fis, avec le général Digeon, une reconnaissance. Nous arrivâmes sur l’un des côtés d’une anse formée par la mer. Là, étant près d’une maison, nous essuyâmes les bordées des canons anglais placés sur des vaisseaux qui, pour arrêter le passage de nos troupes, s'étaient placés dans l’anse; à partir de la maison, la route suivait exactement les sinuosités de la mer, en contournant l’anse. Je crus devoir aller chercher une position pour notre artillerie de l’autre côté de l’anse, afin de pouvoir, par des feux croisés, éloigner les bâtiments anglais. Je me portai donc seul au galop vers cette position malgré le feu des vaisseaux ennemis, et je revins de la même manière. C’est dans ce passage périlleux et dans cette reconnaissance que le général Digeon me vit pour la première fois sous le feu : son intérêt pour moi date de cette époque.

L’ennemi ne put tenir devant nous; il s'enfuit, et nous rentrâmes à la Corogne après cinq à six jours d'absence.

Vers le mois de mars, j'étais le quatrième officier à marcher; le colonel Fontaine, l’un des aides de camp de Lefebvre-Desnouettes, et d’Albignae, me précédaient. Sur les 8 heures du soir, le maréchal appelle le colonel Fontaine; il lui donne un ordre pour sortir de la ville. Une demi-heure