Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

LA CAMPAGNE DE RUSSIE 175

vis. Afin de favoriser mon projet d’être nommé auditeur, il me présenta chez MM. les dues de Bassano, de Cadore et de Gaëte, qui me firent les promesses les plus formelles de leur protection (4).

Cette position d’expectative se prolongea par suite du défaut de promotion d’auditeurs, et je vis avec regret partir l'Empereur pour combattre Alexandre qui, nouvel allié de l'Angleterre, n’observait plus le blocus continental. L'armée française, que dix-huit mois de paix avaient recomplétée et nouvellement équipée, rivalisait de tenue avec les Autrichiens, les Bavarois, les Wurtembergeoïs, etc..., devenus nos alliés. Toutes ces troupes formaient une masse de 800 000 hommes. Jamais, dit-on, il ne fut donné de voir un plus magnifique spectacle que celui de cette immense armée marchant sur Vilna et Smolensk.

Mais je n’assistai pas à cette mémorable campagne où Ney fut, de tous les maréchaux, celui qui acquit le plus de gloire. On rapporte qu’à Smolensk, Napoléon appela les maréchaux et tint conseil; qu’il fut délibéré sur les suites probables de l'invasion en hiver; que le maréchal Ney opina pour que l’armée prît ses cantonnements sur le Niémen, afin d'y séjourner et de rouvrir la campagne au printemps, mais que, malgré cet avis, on marcha en avant. Le maréchal se souvint plus tard

(1) Maret, ministre des affaires étrangères; de Champagny,

ministre des relations extérieures ; Gaudin, ministre des finances, (Note de l'éditeur.)

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