Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

CAMPAGNE DE RUSSIE 177

reur circule. Le général Malet donne des ordres aux troupes, qui, aveuglément, obéissent : il arrête les ministres et proclame un nouveau gouvernement. Au premier bruit parvenu jusqu’à moi, me réunissant à plusieurs officiers, qui se trouvaient à Paris, je courus chez l’archichancelier Cambacérès, qui nous retint pour prendre ses ordres Jusqu'à ce que le mystère fût éclairei.

(4) Nous savons que Ney avait formé l’avant-garde de l’armée depuis Wiasma; que, le 42 novembre, il avait soutenu un combat sanglant à Trughinowo et que, le 13, il était encore en position à quatre lieues de Smolensk. Le 15, dans l’après-midi, il entra dans cette ville : Davout y était depuis le matin. Les troupes du I corps s’étant tout d’abord livrées au pillage des magasins, Ney n’y trouva point la quantité de vivres, qui lui avait été assignée, et s'en plaignit à Davout. Il en résulta une altercation très vive entre ces deux maréchaux, qui se séparèrent très mécontents.

Pendant la journée du 16, le feu éclata dans plusieurs endroits; les malades et blessés, fuyant les maisons embrasées, augmentaient le désordre qui régnait dans Smolensk. Cette ville, indépendamment des troupes réunies sous le commandement de Ney, contenait un grand nombre de militaires isolés et environ cinq mille blessés ou malades: partout on ren-

(1) L'auteur a intercalé ici dans son récit quelques pages sur la campagne de 1812 et le beau rôle que joua le maréchal Ney pendant la retraite, pages empruntées à l’Histoire de l'expédition de Russie par M. de Chambray, colonel d'artillerie (Paris, 4823), et qu'il a paru intéressant de reproduire. (Note de l'éditeur.)

12