Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1814 — CAMPAGNE DE FRANCE 205

longtemps possible Schwarzenberg à Troyes, tandis qu'il méditait une attaque sur Blücher, vis-à-vis duquel le duc de Tarente battait en retraite par la route de Paris. Il laissa donc le duc de Trévise à Troyes, en face de Schwarzenberg, marcha avec rapidité sur Nogent, où nous arrivämes le 7. Ce mouvement continua vers Sézanne, point vers lequel Blücher rétrogradait pour prendre position un peu en arrière sur le chemin de Villenoxe et Barbonne à Sézanne. L'Empereur y rejoignit le prince de la Moskowa dans la nuit du 9 au 10. Le 10, toute l’armée marchait en avant de Sézanne, lorsqu’elle rencontra un corps russe commandé par Alsufjew. C'était un corps isolé, qui venait se joindre à la grande armée des Alliés. L'Empereur le fit vigoureusement attaquer par toute sa cavalerie et par l’infanterie du prince de la Moskowa, déployée dans la plaine; vainement ce corps voulut résister; nous le culbutâmes : le général Alsufjew lui-même fu} fait prisonnier avec deux autres généraux et une nombreuse artillerie. Nous couchâmes à Champaubert, qui donna son nom au combat de cette journée. On remarquera, dans ce récit, que l'Empereur composa et décomposa ses corps d'armée à plusieurs reprises. Par ce système, il voulait laisser ignorer à l'ennemi la composition réelle deses différents corps eten cacher la faiblesse. Tel maréchal qui, la veille, avait 20 000 hommes sous son commandement,.n’en avait plus le lendemain que 3 000, et l'ennemi le croyait toujours en