Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1814 — CAMPAGNE DE FRANCE 207

parer de la ferme de la Haute-Épine; cette prise décida du succès de cette bataille mémorable.

Nous marchions sur la Ferté; mais, apprenant en route que le corps d’York se rapprochait de Montmirail, et rencontrant une colonne que le due de Tarente avait détachée pour observer Sacken, l'Empereur laissa cette colonne à Vieux-Maisons et retournà au-devant d’York, que nous rencontrâmes, le 12 février, sur la route de Montmirail à Château-Thierry.

Là, 3 000 chevaux étaient en présence de part et d'autre. Notre cavalerie, sous les ordres du prince de la Moskowa, fit différentes charges qui eurent Le plus grand succès (1).

L’ennemi, voyant qu'il ne pouvait résister, opéra sa retraite; nos escadrons, pleins d’ardeur, le pressèrent jusque dans la vallée de la Marne. Arrivés sur la crête, nous aperçûmes une masse énorme d'infanterie et de cavalerie, qui avait un pont à passer derrière elle. Encore un dernier élan et toute cette troupe allait être culbutée dans la Marne ou faite prisonnière. Mais, à cet instant, l'Empereur parut; le maréchal Ney fut paralysé par sa présence. L'Empereur, au lieu d’ordonner la continuation du mouvement, se contenta d’examiner le défilé de l'ennemi sur le pont et nous perdîmes ainsi le fruit de notre victoire.

(1) Divisions de cavalerie Lefebvre-Desnouettes, Laferrière, Colbert et Defrance. En attendant l’arrivée de l'Empereur, Ney avait le commandement des troupes. (Note de l'éditeur.)