Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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rades que le propos, qui avait été tenu, ne m'était pas applicable.

Pendant ce temps, Blücher avait jugé, à nos dispositions et à celles de la cavalerie, qu’un renfort était arrivé à Raguse et le soutenait. Une canonnade s’engage et bientôt les lignes de Blücher sont rejetées en arrière. Notre armée prend place successivement sur les plateaux; notre cavalerie, soutenue vigoureusement par l’artillerie, attaque Blücher par sa droite, par sa gauche, et le force à concentrer ses troupes.

L'Empereur, voyant son hésitation, ordonne une charge de cavalerie de la Garde par notre droite, et en peu d’instants toute l’armée ennemie, forte de 30 000 hommes, se trouve rassemblée et bat en retraite en colonne, par gros pelotons. Cette masse de troupes marche ainsi en colonnes serrées, et toute notre cavalerie, comme un essaim d’abeilles autour d'elle, la harcèle et l’aiguillonne avec la lance. Le mouvement continue de cette manière pendant une demi-heure, sans que nous puissions rien entamer. Cependant, un de nos officiers supérieurs, rassemblant les troupes polonaises, commande une charge en travers et coupe en écharpe cette ligne épaisse, qui se divise en deux parties à peu près égales : la première continue sa marche; la seconde s’arrète: Toute notre cavalerie dans ce moment fond sur elle; les 15000 soldats se couchent à terre aussitôt. Nos cavaliers piétinent sur les hommes prosternés et sabrent ceux qui ont