Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1814 — CAMPAGNE DE FRANCE 243

pour faire occuper à ces batteries les positions qu'indiquait l'Empereur. A cette attaque, conduite avec impétuosité, l'ennemi ne put rien opposer. I plia, quitta le plateau et descendit dans la ville, où de nouvelles batteries vomirent sur lui une grêle de mitraille. Nous poursuivimes hardiment l'ennemi, qui descendit dans Montereau et fit sa retraite. Le mouvement du voyage, la précipitation que j'avais mise à parcourir la distance qui sépare Montereau de Paris, le bruit du canon, que j'entendais bien avant d’arriver sur le champ de bataille, la vue du champ de bataille lui-même, où se livrait un combat acharné, les ordres qu'il me fallut recevoir et transmettre dans la mêlée, imprimèrent à mon sang une telle animation, qu'aujourd'hui encore je me rappelle à peine et l'action générale et les actions particulières dans lesquelles je fus engagé. La seule chose dont je puisse me souvenir, c’est que je rencontrai plusieurs fois l'Empereur et que le lendemain de l'affaire, 19 février, Alexandre de Girardin, aide de camp de Berthier, arriva à l'état-major de N ey, m'apportant un brevet de chef d’escadron : trois semaines s'étaient à peine écoulées depuis ma nomination de capitaine (1).

(1) Plus exactement chef de bataillon, d’après l'appellation de l'époque. — Note datée du 18 mars 1814 et conservée aux Archives de la guerre (dossier Levavasseur) : Par décret du 19 février, 0. Levavasseur a été nommé chef de bataillon et autorisé à porter les marques distinctives de ce grade. En marge : Ne pas parler du traitement. — (Note de l'éditeur.)