Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1814 — CAMPAGNE DE FRANCE 245

vouloir bien remettre à l'Empereur ma demande, en faisant observer que les batteries isolées étaient toujours oubliées et n’obtenaient aucune récom- : pense. « Donnez », répondit le maréchal; et, une heure après, à la sortie du cabinet, il me dit : « Votre demande est accordée. » C’est ainsi que Lebeau etles canonniers furent décorés de la croix des braves.

Nous marchâmes vers Troyes en poursuivant l'ennemi sur deux colonnes : la première occupait la rive droite et la deuxième la rive gauche de la Seine. L'Empereur et le maréchal Ney, à la tête de la première colonne, se dirigèrent par Nogent; l’autre corps d’armée passa par Provins et Méry, d’où il repoussa l'ennemi vers Troyes. Un combat sanglant fut livré à Méry, le 22 février.

Le 23, nous arrivâmes en vue de la ville de Troyes, occupée par les souverains alliés. Notre armée se mit en bataille près de la ville, à droite et à gauche de la grande route; on engagea la fusillade; le canon attaqua. J'étais à l’extrême droite, lorsqu'un trompette s’avança en parlementaire : je m'approchai. Il précédait Venceslas de Lichtenstein, qui s’écria : « Où est l'Empereur? » Je priai le prince de me suivre etnous galopâmes ensemble jusqu’auprès du maréchal : «Monsieur le maréchal, dit-il, je vous apporte la paix; où est l'Empereur? »