Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

218 SOUVENIRS D’OCTAVE LEVAVASSEUR

cua la ville et, à 6 heures, l’armée française y fit son entrée ; nous fâmes reçus cette fois avec acclamations. Là, nous apprîimes que l'ennemi se retirait sur Bar-sur-Aube et sur Langres; mais on ajoutait qu’une colonne, dont on ignorait la force, avait filé du côté d’Arcis. L'Empereur donna aussitôt l’ordre au maréchal de suivre cette colonne, que tout faisait croire devoir être dirigée sur Nancy. Nous commençâmes la marche, et quelle fut notre surprise, en entrant à Arcis, d'apprendre que la colonne avait pris le chemin de Sézanne! Un officier partit pour informer l'Empereur de ce fait; dans cet intervalle, arriva un aide de camp de l'Empereur annonçant que les souverains alliés étaient sur le point d’être faits prisonniers, que nous étions sur leurs talons, que leur déroute était complète, etc. Nous restämes à Arcis attendant le retour de notre officier d'état-major. Le maréchal fit disposer son corps de manière à couper toute retraite à la colonne dirigée sur Sézanne, ne pouvant présumer qu'elle avait pris une autre direction, et persuadé d’ailleurs qu’elle devait suivre le mouvement général de retraite des Alliés. Cette conviction nous fit rester dans la vallée de Vassy, afin d’intercepter les passages. Ce ne fut pas cette fois seulement, ainsi qu’on le verra plus tard, que cette vallée devint le théâtre de nos déceptions. Après plusieurs jours de manœuvres inutiles, le maréchal reçut l’ordre de rejoindre l'Empereur. Notre marche jusqu’à Fère-Champenoiïse ne fut