Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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de l’un des caissons. Quant à l’autre caisson et aux fusils, j'avais été obligé de les laisser sur le terrain ; ils devinrent bientôt la proie des paysans. Nous rejoignîmes Napoléon à la Ferté-sousJouarre, d’où nous marchâmes sur ChâteauThierry que l’on savait occupé par l'ennemi. Nous étions à trois lieues de cette ville, dans un petit hameau abandonné où l’on avait peine à rencontrer un habitant, lorsque l'Empereur ordonna d’aller faire son logement à Château-Thierry. Le maréchal Berthier chargea un officier et quatre chasseurs d'exécuter cet ordre. Les autres maréchaux et généraux envoyèrent chacun un officier et plusieurs hommes avec la même mission. Je fis partie de ce détachement, composé de sept à huit officiers ct de trente ou quarante hommes de différentes armes. En descendant la côte de Château-Thierry, nous entendons des coups de feu et nous voyons galoper vers la ville un poste de cavalerie, placé au bas de la côte. Au méme instant, notre groupe de partir spontanément au galop aux cris de « Hourra! En avant! » et nous arrivons dans la ville, où des habitants nous indiquent, par des signes, les rues que nous devons suivre pour atteindre l'ennemi. Sortis dans la campagne, nous apercevons un régiment de lanciers russes rangés en bataille; nous nous plaçons en face de lui en criant « Hourra! Hourra! En avant! » et nous voyons le colonel ordonner la retraite en colonne sur la route. Nos officiers et soldats ne tardent pas à arriver sur la