Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

222 SOUVENIRS D’'OCTAVE LEVAVASSEUR

par toute l’armée, qui ne devait plus tarder à arriver, nous reprîmes nos cris de « Hourra! En avant! » Pour la deuxième fois, nous vîimes ce régiment se mettre en retraite en colonne, mais, pour cette fois au pas, puis au trot et bientôt au galop. Piquant des deux, nous atteignîimes la queue de cette colonne et recommençcâmes le même carnage. Mais à une assez longue distance, le colonel, voyant le massacre de la queue de son régiment et voulant de nouveau faire face en arrière en bataille, s’élance seul dans la plaine; il prononce son commandement, le régiment file sans obéir, et j'arrive sur cet officier, qui, baissant le sabre, se rend mon prisonnier. Je pris le sabre que je conserve précieusement; j'abandonnai cette chasse et, tout couvert du sang qu'un coup de lance sur le nez en faisait jaillir, je reconduisis le colonel à cheval vers Château-Thierry.

Chemin faisant, je me fis suivre par des lanciers blessés qui ramenèrent plusieurs chevaux. La voiture du colonel avait été prise et dévalisée. Arrivé près du pont, je trouvai à sa gauche l'Empereur à pied avec son état-major : je m’approchaï de lui et lui présentai le colonel. L'Empereur s’entretint avec lui; pendant ce temps, j'étais assailli par mes camarades, qui me demandaient des chevaux, que je distribuai généreusement.

Pour moi, la nuit se passa tout entière auprès des maréchaux ferrants. Je payai jusqu’à 20 francs un fer; encore je ne l’obtins qu'après bien des