Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1814 — CAMPAGNE DE FRANCE 223

prières, et je fus obligé de tenir moi-méme les pieds des chevaux déferrés, tant l’affluence était grande. En campagne, les maréchaux ferrants des régiments organisés passent les nuits après les chevaux de leurs corps, et l’on voit des troupes considérables de ces animaux à ferrer à la porte de ces ouvriers, qui souvent ne peuvent suffire aux exigences des soldats. Notre cavalerie diminue quelquefois en nombre par cette seule cause. Si les officiers et soldats des troupes régulières éprouvent quelques difficultés, que devient la position d'un officier isolé, dont le cheval est déferré? N'ayant sous son commandement aucun ouvrier obligé de faire son service, il doit en passer par tout ce que lui demandent les maréchaux; encore, ces ouvriers ne travaillent-ils qu'avec la crainte d’être punis, car les chevaux du régiment doivent être ferrés avant tout.

De Château-Thierry, nous nous rendimes à Fismes, où l’armée séjourna. En partant de Fismes, l'Empereur, ayant appris que le général Woronzow s’établissait à Craonne, nous fit suivre la route de Corbeny, où il vint, le 6 mars, et ordonnx de s’emparer de Craonne et des villages situés au-dessous du plateau (1). Le prince de la Moskowa, à la tête

(1) La capitulation du général Morceau à Soissons (3 mars) avait permis à Blücher, en passant sur la rive droite de l'Aisne,

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