Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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224 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR

de la division Meunier (Jeune Garde), attaqua la ferme d'Heurtebise avec vigueur, et la prit; mais l'ennemi y ayant envoyé des renforts, nous en fâmes chassés, malgré notre résistance. Le maréchal, toujours le dernier dans cette retraite, où une multitude de Cosaques le harcelait, faillit être pris plusieurs fois avec son état-major. Entouré par cette nuée d'ennemis et protégé seulement par une quinzaine de grenadiers, il marchait au pas le long des rideaux; sa fière attitude intimida tellement les Cosaques qu'ils n’osèrent l’approcher. Le soir, sa division s'installa dans une ferme située de l’autre côté du bois, à Bouconville. En un instant, comme l’armée n'avait d’autres ressources que celles qu'offrait cette ferme, les 300 têtes de moutons qu'elle nourrissait roulèrent dans la cour; les blés et l’avoine non battus servirent de lit aux bivouacs et aux chevaux. Nous passâmes ainsi la nuit, nous préparant à l’action qui ne pouvait manquer d'avoir lieu le lendemain.

Dès que le jour parut, le maréchal reçut l’ordre de revenir prendre le commandement de laile droite de notre armée, qui devait longer le bois de Craonne, sur lequel s'appuyait la gauche des troupes ennemies, commandées par le général

d'échapper à l'étreinte qui le menacçait et de donner la main aux corps de Bulow et à Winzingerode, de l’armée du Nord. Puis, pendant qu'il remontait sur Laon, Winzingerode dut chercher à atteindre les derrières de l’armée de Napoléon et son lieutenant Woronzow fut chargé de l'arrêter sur le plateau de Craonne. (Note de l'éditeur.)