Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

226 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR

au milieu d’une grêle de balles et de mitraille. On ne voyait à terre que des morts où des mourants; à chaque minute, quelqu'un de nous tombait; notre corps d'armée était réduit à environ 3000 hommes. Au milieu des boulets, dont plusieurs me couvrirent de terre, mon cheval s’affaissa comme s’il eût été traversé par un obus : je le crus tué; en voulant lui ôter mon portemanteau, il fit un mouvement et se releva sans blessure: je ne saurais expliquer cette circonstance. Enfin le village d’Ailles fut à nous et, après un combat, l'armée ennemie nous abandonna le champ de bataille que nous avions payé bien cher : 35 000 hommes venaient d’en vaincre 100 000 (1). Sans doute, cette victoire aurait pu entraîner la perte d’une grande partie de l’armée alliée, si la nôtre, par un suprême effort, eût pu poursuivre sa victoire et en tirer parti, mais nous passâmes la nuit du 7 au 8 mars à une lieue en avant de Craonne. Le 8 mars, nous arrivâmes auprès de Laon; l'Empereur voulait s'emparer de cette ville et cerner le corps d'armée de Winzingerode qui Sy trouvait (2). Le maréchal Ney pressa vivement

(4) Il y a là une exagération de l’auteur. D'après les sources officielles, Woronzoff avait SOUS ses ordres immédiats 16 300 fantassins et 2000 cavaliers, auxquels il convient d'ajouter les 49200 chevaux de Sacken, qui prirent part à l'action, soit au total 22500. Du côté des Français, le corps de Ney et celui de Victor, avec la cavalerie de la Garde, les dragons de Sparre, la 1re brigade de Vieille Garde et l'artillerie de réserve, formaient un total de 22400 hommes. (Note de l'éditeur.)

@) Napoléon ne croyait pas trouver Blücher en forces à