Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1814 — CAMPAGNE DE FRANCE 227

Czernichew, qui défendait Etouvelles et Chivy; nous enlevâmes ces deux points et nous forçâmes l'ennemi à se réfugier dans Laon, ses avant-postes à Semilly. Le maréchal m’ordonna de prendre deux compagnies de voltigeurs et de m’emparer, pendant la nuit, de ce village. Vers minuit, je me mis en marche, plaçant mes compagnies en colonne à la droite et à la gauche de la route, dans les fossés, pour n’être point aperçu; arrivé non loin de la première vedette de Cosaques, je commandaï : « En avant! au pas de course! » Tous mes voltigeurs pénétrèrent bientôt dans le village, où nous vîmes des bivouacs allumés dans les rues, des chevaux sellés, attachés aux portes. À nos cris, des pelotons de Cosaques montèrent aussitôt à cheval, rebroussèrent chemin dans la plaine et s’enfuirent en hâte sur Laon. Plusieurs d’entre eux furent tués, des chevaux pris, et, après avoir installé mes hommes dans les bivouacs tout prépa-

Laon, mais le feld-maréchal, tout en songeant à l’éventualité de la retraite, s'était arrêté sur cette formidable position et déployait des deux côtés de la montagne, face au Sud, son immense armée (armée de Silésie, grossie des deux corps de l’armée du Nord) : à l'Ouest Winzingerode, au Nord Sacken et Langeron, à l'Est York et Kleist, Bulow défendant le plateau et ses abords.

La petite armée de l'Empereur allait, le 9, en débouchant par la route de Soissons, attaquer par le Sud et l'Ouest de Laon, pendant que Marmont, appelé de Berry-au-Bac, s’avancerait par la route de Reims. Mais dans la journée les deux colonnes ne purent entrer en liaison et le soir les troupes de Marmont, surprises dans Athies par le corps d'York, furent mises en déroute et pourchassées jusqu'à Festieux. (Note de l'éditeur.)