Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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rés, je retournai auprès du maréchal, pour lui dire que ses ordres étaient remplis.

C’est ici, je crois, le moment de dire un mot de ces bandes, qui rendirent tant de services à l’armée russe pendant la campagne de 1814. Descendus des steppes de la Russie, les Cosaques désolaient la France; ils attaquaient avec d'autant plus d’audace qu'on était moins préparé à se défendre. Sans stratégie régulière, prompts, rapides, insaisissables, ils mettaient en défaut la prévoyance la mieux suivie. Les hommes et les petits corps isolés étaient toujours dans l’appréhension de rencontrer cette troupe, qui, presque imperceptible d’abord, se grossissait ensuite et enfin vous enveloppait; si vous en voyiez un, vous en aperceviez bientôt deux mille, passant devant vous comme des apparitions et ne laissant pas plus de traces que des ombres : on eût dit que leur mission était moins de tuer que d’effrayer; ils faisaient peu de blessures, mais par des cris, par des alertes continuelles, ils altéraient la force morale du soldat. Devant des Cosaques, tenez ferme : vous ne serez point attaqué, quel que soit votre petit nombre; fuyez, vous êtes perdu. Rien de plus hideux que l'aspect d’un Cosaque : sur un petit cheval appelé cognat, grand comme un mulet, le cou ombragé d’une crinière épaisse, longue et flottante au gré du vent, ayant une corde pour bride, un morceau de cuir pour étrier, vous voyez un petit homme trapu, à grosse figure plate, à nez épaté, à La barbe