Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1814 — CAMPAGNE DE FRANCE | 229

et aux cheveux pendants, couvert d’un bonnet de peau brute et d’une veste longue et fourrée, d’un pantalon large et d’une chaussure plus large encore; à travers tout cela, une lance maniée avec une dextérité merveilleuse et dont les mouvements éblouissent, avant qu'on ne soit frappé.

Pendant que j'étais occupé à chasser les Cosaques, se préparait l’attaque de Laon : cette action était bien téméraire, car on comptait dans cette ville une artillerie formidable, et autour d'elle plus de 100000 Alliés; l'Empereur avait à peine avec lui 30 000 hommes (1).

Le 9 mars, à sept heures du matin, le prince de la Moskowa déboucha de Chivy avec son infanterie, et fut suivi de près par le reste de l’armée. Ce mouvement obtint d’abord d’heureux résultats ; mais Blücher, vers les 11 heures, reprit l'offensive : il nous serrait de près, lorsque le maréchal, à la tête de quelques escadrons de la Garde, repoussa les Russes. Au soir, on bivouaqua sur les positions.

L'Empereur attendait le duc de Raguse pour ordonner une attaque de vive force, mais, le lendemain matin, le bruit se répandit dans l’armée que le maréchal Marmont, qui devait se rendre à Laon par Corbeny, avait été attaqué près d’Athies et que son armée était en pleine déroute. Nous avions

(4) Non compris les 9 500 hommes de Marmont, mais en tenant compte des pertes de Craonne, 5 500 hommes, et d’autre part des renforts reçus (corps de Mortier, etc.), l'Empereur disposait, le 9 mars, de 27 000 hommes. (Note de l'éditeur.)