Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

230 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR

ainsi perdu quatre jours depuis la bataille de Craonne.

Dès ce moment, un vertige semble s'être emparé de l'Empereur, soit qu’il ait été trompé sur la trace des mouvements de l'ennemi, soit qu’il ait reconnu l'impossibilité de lutter : on ne voit plus le grand homme, et ses mouvements prennent un caractère indécis.

Le 10 au matin, l'attaque recommença sans plus de succès. Cette journée fut meme signalée par une de ces méprises si communes à l’armée. Les batteries du prince de la Moskowa, établies sur le tertre traversant le chemin de Mons, avaient ouvert leur feu contre le village de Clacy, que le maréchal croyait occupé par les Russes; il l’était au contraire par les Français : nos artilleurs nous firent perdre ainsi beaucoup de monde. L’Empereur voulut faire prendre Laon par un assaut de vive force, mais il se convainquit malheureusement de l’insuffisance de ses troupes; on se retira devant une artillerie formidable (1).

Les places de Soissons et de Reims, points importants pour la jonction de nos armées, sont au pouvoir de l’ennemi (2). Il faut qu’on les délivre,

(1) Consulter pour plus de détails sur les deux journées de Laon le livre de M. H. Houssaye sur 1814. (Note de l'éditeur.) (2) La faible garnison laissée à Reims, avec le général Corbi-