Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1814 — CAMPAGNE DE FRANCE 231

et cependant les Alliés peuvent menacer Paris. Comment l'Empereur saura-t-il garantir ces places et, en même temps, préserver sa capitale?

Le 11 mars, il marche sur Soissons, reprend cette ville qu’occupait l'ennemi, et réorganise son armée. Les régiments de Jeune Garde du prince de la Moskowa et du duc de Bellune, ainsi que la brigade du général... (1), ne formèrent plus que deux divisions sous les ordres des généraux Curial et Charpentier. On marcha le 12 sur Reims, que l’on reprit le lendemain, après un combat assez meurtrier, et, enfin, nous arrivämes à Châlons, le 14.

Le 16 mars, le maréchal m’ordonna de prendre une trentaine de gardes d'honneur et de pousser une reconnaissance sur Vitry. Sorti de Châlons à 8 heures du soir, je plaçai quatre gardes d’honneur en éclaireurs, et, à la tête de cette colonne, je marchai sur la route. À deux ou trois lieues de là, nous entendons un bruit de voix et le piétinement de chevaux qui marchent sur nous. Mes éclaireurs s'arrêtent et regagnent les rangs; nous formons deux pelotons et laissons approcher. Tout à coup je crie : « En avant! au galop! » Cette troupe bat en retraite et nous la poursuivons pendant plus d’une bonne lieue. Nous trouvâmes sur la route neau, fut surprise le 42 au matin par le corps de Saint-Priest et la ville réoccupée : elle fut reprise le 43 au soir par Marmont après la bataille livrée par l'Empereur. (Note de l'éditeur.)

(1) En blanc dans le texte : il s’agit de la brigade Porret de Morvan, du corps de Mortier. (Note de l’éditeur.)