Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

ÉCOLE DE METZ. — CAMP DE BOULOGNE 17

frages, tels que des petits tonneaux pleins de rhum et d'eau-de-vie, attachés en chapelet et voyageant sous les vaisseaux pour éviter les droits de la douane anglaise. En outre, tous les jours, la mer, se retirant à plus d’une lieue de la côte, déposait sur la plage une grande quantité d'objets provenant des naufrages dont ces parages sont trop souvent témoins. Les paysans et mes canonniers s’empressaient de courir sur la grève pour Y recueillir ces débris.

Les habitants de ces pauvres communes, situées au milieu des dunes, n’avaient d’autres moyens d'existence que la pêche de leurs filets et ces Captures. On racontait que, pour aider aux chances que la mer leur offrait, ils promenaient, pendant les nuits sombres et dans les temps de brouillard, des ânes, sur la tête desquels étaient des fanaux qui, suivant le mouvement onduleux du col de ces animaux, faisaient de loin aux bâtiments l’effet d’appartenir à des vaisseaux véritables. Cette grossière amorce ne remplissait que trop bien son but; les équipages des bâtiments en mer, voulant s'approcher, échouaient, et, à l'instant, ces chasseurs d'hommes allaient disputer leur proie aux flots.

Lors de la marée basse, on apercevait au loin une assez grande quantité de bâtiments échoués que les flots venaient bientôt recouvrir. Il était ordonné à nos batteries de tirer sur les embarcations qui ne faisaient pas les signaux prescrits

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