Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

20 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR

sors et je la vois se diriger vers la corvette anglaise : l'équipage venait d’être surpris à l’abordage par les marins anglais venus en canot. Il me fut impossible d'empêcher cette prise; mais, si les Anglais montrèrent quelquefois cette hardiesse, nos corsaires le leur rendirent souvent, car ils allèrent jusque dans la Tamise surprendre des embarcations.

Le jour de la Sainte-Barbe, fête de mes canonniers, le service fut un peu négligé et un grand nombre de mes soldats fétèrent leur patronne en buvant. Au milieu de la nuit, on crie : Au feut Je me lève : mon écurie est en flammes, mes canonniers s’empressent vainement de porter des secours : impossible de faire sortir les chevaux. Nous les trouvämes le lendemain brûlés tous en ligne. Dans mon rapport au maréchal Ney, commandant en chef le camp de Montreuil, j’attribuai cet accident aux Anglais; mais j'aurais pu tout aussi bien en rendre sainte Barbe responsable (1).

À cette époque, la manie des duels désolait l’armée : il y en avait journellement, et j'en eus encore un moi-même avec mon camarade Démine,

»

(1) Le général Ney (créé maréchal le 49 mai 4804) avait été nommé au commandement en chef du camp de Montreuil le 17 janvier mais n’était venu prendre son poste qu'aux premiers jours de mars. (Note de l'éditeur.)