Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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des inconvénients qu’il y a à écouter les bruits qui circulent dans les corps. Dès qu'une communication entre deux corps ennemis n’a pas de caractère officiel, les généraux qui les commandent encourent, en l’écoutant, une grave responsabilité.

L'Empereur, après l'affaire d’'Ulm, voulait faire la paix avec l'Autriche afin de n’avoir à combattre que la Russie. Après l’échec du général Mack, il était présumable que la mésintelligence éclaterait entre les souverains coalisés. Cette pensée de Napoléon ne put que prendre de la consistance lorsque nous vîmes les Russes se séparer des Autrichiens et opérer leur retraite par la gauche du Danube en laissant de côté la capitale de l'Autriche. L'Empereur n’était sans doute pas étranger à la propagation de ces bruits de paix, sachant qu'ils ne pourraientqu'augmenter le désaccord entre Alexandre et François.

La familiarité, dont j'ai parlé plus haut à l’occasion de ma rencontre au pont de Vienne avec un Hongrois, se reproduisait quelquefois entre officiers. Au moment de livrer bataille, avant de commencer le feu, les officiers ennemis et les officiers français s’avançaient en face les uns des autres, jusqu'au milieu de l’espace qui les séparait. Je fis plusieurs fois moi-même la moitié du chemin, et, après quelques signes échangés, nous buvions un verre de rhum, puis nous revenions à nos pièces. Le même fait se fit remarquer en face d'Hollabrünn où l'ennemi nous attendait, On s’établit à