Trois amies de Chateaubriand
146 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND
* ble! Mme de Duras continue : « On se juge avec tant de sévérité, et pourtant l’abaissement est si pénible! et, quand on a réuni tout ce que la beauté, la grâce, l'esprit, l'élégance des manières peuvent inspirer d’admiration et qu’on sent qu’on vous la dispute, quelles affreuses réflexions ne doit-on pas faire! » Avec cela, il n’est pas évident que cette admiration, par exemple, de Chateaubriaud, ce ne soit pas Mme de Duras qui, justement, l'ait disputée à Mme de Mouchy. S'il faut l'avouer, je ne comprends pas grand’chose à la bonne Mme de Duras... « Enfin, chère amie, tout l’ensemble de cette situation a produit ce que cela devait produire : sa tête s’est égarée, son imagination s’est frappée et elle a perdu la raison. Sa folie n’est point violente, mais elle est déchirante. La terreur la saisit, elle croit qu’on va lassassiner, que tout ce qu’elle prend est empoisonné, que nous allons tous périr par l'effet d’une conspiration, mais qu’elle est particulièrement dévouée, que tous ses domestiques sont des demisoldes: déguisés; enfin, mille folies. Elle s’est confessée; elle croit toujours mourir la nuit qui va suivre; — Mais elle dit qu’elle est heureuse. Elle m'a chargée de la justifier après sa mort, de dire qu’elle ne méritait pas l'abandon où on l'a laissée. »
Ce petit bout de phrase est terrible pour Chateaubriand, si peut-être il fait allusion à cet abandon où Aben-Hamet, lamoureux de Cordoue, lenchanteur impitoyable del Alhambra, laissa la pauvre Nathalie. Mme de Duras avoue que « cela est déchirant ».
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