Trois amies de Chateaubriand

MADAME RÉCAMIER 277

apprit quelque chose; elle n’accepta pas volontiers l’industrieuse fiction qu'avait organisée Chateaubriand. Car, le 2 décembre, voici la lettre qu’à Mme de Custine encore écrivait le ministre amoureux d’une autre : « Vous me faites une histoire, dans votre dernier billet, que tout le monde a faite ici. Cela n’a pas le sens commun... » Évidemment!... « J'allais à Fervaques; j'étais prêt à vous voir, lorsque j'ai été rappelé; et, pour avoir seulement quitté Paris vingt-quatre heures, j'ai trouvé mille contes à un ou à deux, et politiques, en l'air, comme si les premiers étaient de mon âge... » L'hypocrite!.…. «et que les seconds. » Les seconds, n'importe!

Et il ajoutait, avec un admirable entêtement : « Eh! bien, croiriez-vous que, malgré toutes vos injustices et les bavardages publics, je rêve encore de faire, dans ce moment même, une course à Fervaques? Je ne le pourrai probablement pas; mais je ne puis me départir de ma douce chimère.. » On le voit sourire, l’amoureux et l’ingénieux, pendant qu’il écrit sa « douce chimèret»!...

À Paris, l'amour continua, l'amour de Délie et de René. Le 11 décembre 1823, René, fervent, écrivait : « J'ai reçu ta longue lettre. Je t’en remercie. Je lai portée toute la journée sur mon cœur... Tu me feras dire le moment où je pourrai aller baiser tes beaux pieds. À toi! à toi! »

Tout cela est voluptueux,

4. Voir l’Appendice (F).