Trois amies de Chateaubriand

MADAME RÉCAMIER 179

Elle résolut de s’en aller. Le ‘séjour de Paris ne lui était plus tolérable: Tous deux jaloux de Chateaubriand, Ballanche et Ampère l’'engageaient à fuir l'infidèle. Ampère lui écrivait : « Je viens de commencer une lettre insensée, que vous ne lirez pas. Elle est déchirée... Maïs comment vous écrirai-je? Vous soulfrez! vous:souffrez par un autre!… »

Amour, amour!... « Vous souffrez par un autre » est bien charmant : et Ampère eût trouvé plus flatteur d'écrire à une dame qui souffrît par lui. Telles sont les préférences de l'amour.

Chateaubriand déconseillait ce voyage. n

Or, le 25 octobre, le jour même où Mme de C... quittait Paris pour Dieppe voluptueux, Juliette annonçait à Chateaubriand son départ en ces termes pathétiques : « Je dis adieu à toutes les joies de la

- terre... » Chateaubriand lui répondit, — avec un grand courage, — avec le grand courage de qui n'aime plus guère :« Ne m’accusez pas de ce que vous faites vous-même... » Il äffirmait, résolument : « Je vous aime de toute fon âme et rien ne pourra m'empêcher de vous aimer, ni votre parti ni votre injustice... » |

Les personnés qui seraient tentées de ne pas approuver ici Chateaubriand, je les invite à considérer qu'il fut, ce 25 octobre 1823, très pressé. Ce n’était pas une petite chose, que d’avoir à organiser la diplomatie de la France vis-à-vis de toute l'Europe, à

combiner les préparations diplomatiques dela guerre d’Espagne, à ordonner gentiment le départ pour

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