Trois amies de Chateaubriand

HORTENSE ALLART 263

votre singulier génie et de je ne sais quel espoir que vous m'avez laissé... Vous serez ma dernière muse, mon dernier enchantement, mon dernier rayon de soleil. Donc, point d’adieu. Je mets mon âme à vos pieds... »

Il avait déjà mis aux pieds d’Hortense la France et puis le monde. Son âme, c'était mieux encore. Mais on aurait tort de rire, car tout cela, et les circonstances et les sentiments, cette tristesse voluptueuse où il y a de l’amour et de la mort, tout cela est pathétique.

Un peu plus tard, il lui écrivit encore : « Si vous saviez combien je suis triste! Vous souvient-il que je vous écrivis du haut des montagnes et que ma lettre alla vous chercher sur votre passage? Je vous écris encore sur les chemins du monde; toujours errant, toujours vous me retrouverez... Ma vie n’est qu’un accident; je sens que je ne devais pas naître : acceptez de cet accident la passion, la rapidité et le malheur. Surtout, répondez-moi. Écrivez-moi de ces lettres qui réchauffent, comme vous m'en avez tant écrit aux premicrs temps de notre amour. Que je me sente encore aimé, j'en ai si grand besoin! Je vous donnerai plus dans un jour qu’un autre dans de longues années! »

Que cela est poignant!.. Et comme on n’a plus envie de rire à propos du vieillard mélancolique et amoureux, amoureux de l’amour et qui n'avait pas épuisé son désir d’une vie toute frémissante!.. Je vous donnerai plus dans un jour. Il sentait son âme