Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE CHATEAU DE LA ROUËRIE 101 de poudre : le bruit se répandit que les événements étaient proches.

Par les chemins détournés, les commissaires de la conjuration, déguisés, qui en paysans, qui en colporteurs, quelques-uns même en patriotes, la plupart à cheval, cachant sous leur manteau leurs pistolets ou leurs sabres, se dirigeaient vers Île château de la Rouërie. À tous le marquis avait distribué une sorte de passeport, tracé de sa main sur une bande de papier facile à dissimuler et qui était ainsi Conçu :

Toute confiance et secours au porteur de ce billet de la part des amis d'Armand !.

Dès l'après-midi du dimanche, les affiliés affluaient au château : au loin dans la campagne, la Rouërie avait placé des sentinelles perdues; derrière cette première défense s'étendait une ligne de grand’garde ; puis, à la tête des avenues, sur

1. Trois jours plus tard on arrêta, à l'auberge du Cheval-Blanc, à Antrain (située dans la rue de la Filanderie), un des affiliés qui retournait chez lui : il était vêtu d’un habit vert, portait une ceinture aux trois couleurs, dans laquelle était un pistolet chargé. On le fouilla, et on trouva sur lui le billet dont nous donnons le texte (l'original est joint au procès-verbal). Cet homme déclara . qu'il avait couché les nuits précédentes à Saint-Brice et qu'on avait dû mettre ce papier dans sa poche pour lui nuire. — Procèsverbal de Charles Poncelet, sergent-major des grenadiers du bataillon de la Garde Nationale d'Antrain. — Archives nationales. W,.275.