Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

112 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

trois gardes nationaux élaient couchés {out habillés sur des lits. On parla de M. le marquis, que « les brigands avaient menacé de tuer » : qu'il fallait se joindre à lui pour empêcher que la Bretagne ne fût pillée « par des troupes étrangères »; Gervais Tuffin, qui buvait avec les paysans, ajouta que, pour le moment, d'ailleurs, ils avaient eu tort de venir et qu'on n'avait pas besoin d'eux.

A ce moment un aide de camp vint appeler Orain et passa avec lui dans une chambre voisine, où l’on disait que le marquis était couché.

— Voilà Orain qui veut décamper et nous laisser là, insinua Julien le Pauvre.

— Ne craignez rien, riposta Tuffin, il est à parler avec Monsieur !.

Orain reparut après un quart d'heure d'absence. Il avait l’air satisfait et apprit à ses compagnons que « les choses étaient rentrées dans l’ordre, que M. de la Rouërie allait devenir le seigneur de tout le pays, qu'il était tranquille et qu’on ne lui en voulait plus ». Il tenait de « l'argent blanc » dans sa main et distribua vingt sous à chacun de ses hommes. C’est à ce moment que Pierre Lambert entendit quelqu'un faire cette réflexion :

1. Est-il nécessaire de répéter que ces fragments de dialogue sont intégralement extraits des dépositions? — Archives nationales, W, 275.