Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

24 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

nette aux soldats de l’escorte, et un combat s’ensuivit entre le peuple et la troupe.

Les jeunes gens de la ville s’armèrent : on assurait que les Anglais faisaient passer aux mécontents des munitions el des fusils. Les nobles rédigèrent, sous forme de protestation, une sévère remontrance qui n'était, en réalité, qu'un acte d'accusation véritable contre Brienne et Lamoignon. Ils déclaraient réclamer formellement l’exécution du contrat de mariage de Louis XII et de la duchesse Anne, relativement aux libertés et aux coutumes particulières de la province, reprochant au roi de violer le contrat d'union, grief gros de menaces et qui faisait dire à Versailles : la Bretagne effraie !.

Le chevalier de Guer, le marquis de Tremargat, jambe de bois, le comte de Bedée, oncle de Chateaubriand, qu'on appelait Bedée l'Artichaut, à cause de son gros ventre, pour le distinguer d’un autre Bedée, long et effilé, qu'on nommait Bedée l’'Asperge, faisaient cependant, par leur intransigeance, nombre d’ennemis à l’ordre privilégié: on parlait un jour d'établir une école militaire où seraient élevés les fils de la noblesse pauvre; un membre du tiers s’écria:

— Et nos fils, qu'auront-ils ?

1. Correspondance secrète, publiée par M. de Lescure.