Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

304 CHAPITRE SEPTIÈME.

de nouvelles peu satisfaisantes. D’Antraigues les reçut avec plus de calme qu’on ne l’eût supposé. IL excusa Gzartoryski, qui, disait-il, n'avait pu vaincre en cette circonstance l’antipathie du souverain pour les étrangers. Puis, après un premier mouvement d'humeur : « Tant qu'on sert, ee doit être de toutes ses forces » , et il reprit sa tâche souterraine avec une ardeur qu’avivait sa vieille haine contre Bonaparte.

Certes, d’Antraigues se trompait en attribuant ses mécomptes à son origine. N'avait-il pas sous les yeux Richelieu, Langeron et tant d’autres émigrés honorés de la faveur impériale? Alexandre I* est peut-être de tous les souverains russes celui qui a eu le moins de préventions envers les étrangers. Mais d’Antraigues avait contre lui, outre son passé équivoque et son caractère difficile, son mariage, qui le condamnait à des emplois subalternes et inavoués. Quelle était la cour où les antécédents de Mme d'Antraigues n’eussent soulevé, pour sa présentation, des difficultés insurmontables? Son mari le savait si bien qu'il n'avait pas même essayé de l'introduire à la cour de Dresde. La question était trop délicate pour qu'on lui en parlât ouvertement; elle n'échappait sans doute pas à sa pénétration, mais de parti pris il ne voulait pas y arrêter sa pensée.

IV LE XUII® LIVRE DE POLYBE (1805). « La Prusse, écrivait d’Antraigues en 1798, perdra

l'Europe, la Prusse périra sur les cendres de l'Europe comme ces animaux qu’on écrase sur les blessures qu'ils