Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

308 CHAPITRE SEPTIÈME.

Dolgorouky, dans l’intérêt de l'Autriche, disait-il, ou Razoumovwsky dans son intérêt propre, ou qu'il envoyait, afin de réveiller l'attention, les états d'effectifs de l’armée française en Hanovre.

Il recut alors la visite d’un de ses vieux complices, Français de langue, royaliste de naissance, Prussien de cœur, l'imprimeur neuchâtelois Fauche-Borel. Fauche venait de Paris et de la prison du Temple, où il avait passé trois ans, sous l’invisible et pourtant efficace protection de d'Antraigues. Trois fois l'ami lui avait sauvé la vie sans qu'il s’en doutât; puis, de concert avec l'amie et Mme de Copons, il avait fini par arracher aux bureaux de la police l'ordre de sa mise en liberté. Toutefois, ne voulant pas être connus de lui, ses libérateurs avaient fait agir la cour de Berlin, en lui donnant l'assurance que son intervention en faveur de l'auche serait agréée. Lucchesini, soucieux avant tout de plaire aux Tuileries, s'était refusé à prendre l'initiative d'une semblable démarche, et quand il dut fournir un passeport au prisonnier délivré, il lui laissa interdire le séjour de Neuchâtel, et le forçca ainsi à se réfugier en Prusse (1).

Fauche, arrivé à Berlin au milieu des préparatifs de la coalition, voulut servir de nouveau, s'il était possible, la cause de Louis XVIII, et, pour pénétrer à ce sujet les dispositions des cours, il s'aboucha avec d’Antraigues, qu'il ne connaissait pas encore personnellement. Il demanda un rendez-vous qui fut accueilli avec empressement, et nous avons par lui le récit détaillé de leur entrevue. L'un et l'autre s'attachèrent à se faire valoir, Fauche en rappelant ses négociations avec Pichegru, d'Antraigues en invectivant Montgaillard et Bonaparte

(1) L’amni à d'Antraigues, 1% mars 1805.