Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

310 CHAPITRE SEPTIÈME.

future alliance austro-prussienne. Le prince Louis de Prusse, l’ardent ennemi des Français, passant quelques jours à Dresde, se montraiten publie dans sa compagnie; Markov à son tour y fut six semaines, vint s'asseoir à sa table, et rendit hommage à son crédit en lui faisant l'éloge de Czartoryski : « On croit, lui dit-il, que j'aspire à sa succession, mais je ne désire plus que lire les gazettes et cultiver mes terres.» Puis ce furent les agents anglais, Taylor, King, Jackson, qui se réunirent en conciliabule chez l'émigré français; Fersen, qui renouvela près de lui, au nom de Gustave IV, la mission d'Armfelt. Publicistes et diplomates déblayaient à la sourdine, en ce point central de l'Allemagne, le terrain qui allait être occupé et ensanglanté par les armées.

Depuis longtemps, comme écrivain politique, d’Antraiques gardait le silence. Sous le coup des poursuites de Bonaparte, il déclarait à tout venant n'avoir rien publié depuis son arrivée à Dresde : « Je vous jure sur l’honneur, écrivait-il à sa mère, qu'aucun écrit anonyme ne sortira jamais de ma plume (1). » Malgré ces beaux serments, il prenait part en 180%, par divers articles et brochures, aux polémiques de la presse antifrançaise, et, l'année suivante, il lançait à l'adresse de la Prusse, pour le compte de la Russie et de l'Autriche, son Fragment du XVIIF livre de Polybe.

En apparence il ne s’agit ici que d'un texte grec important restitué et traduit par un amateur, d'après un papyrus original retrouvé au mont Athos. Ce texte contient le récit d’une délibération en trois discours tenus dans le conseil d'Antiochus le Grand, roi de Syrie. Cette

(1) A Mme d’Antraigues mère, 19 novembre et 25 décembre 1803. (CF. à l'armie, 28 décembre; à Czartoryski, 6 avril 180%.)