Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

LE XVIII LIVRE DE POLYBE (1805). 311

délibération a pour objet l'acceptation ou le rejet de l'alliance proposée par le roi Philippe de Macédoine contre les Romains. Deux conseillers du roi, Polycrate et Callisthène, et son hôte illustre Annibal y prennent part, Polyerate pour recommander la neutralité, Callisthène et Annibal pour pousser à la guerre.

Cette prétendue restitution d'un texte perdu était une page allégorique d'histoire contemporaine. Une lettre de l'ami de Paris en avait évidemment suggéré l'idée. Celuici, désespéré de voir, avec l'empire francais, l'empire d'Occident se rétablir, comparait la politique de Napoléon en Europe à la politique des Romains en Asie après leur conquête de la Grèce, et il souhaitait que le développement de cette comparaison présenté avec art pût servir d'avertissement aux souverains (1). La société d'alors, élevée dans le culte des anciens, goûtait fort ces rapprochements historiques, qui tournaient tantôt à la polémique, tantôt à l'adulation ; ils nous apparaissent aujourd’hui, selon notre humeur, comme des jeux d'hommes d'esprit ou des exercices de pédants. Du temps de la guerre d'Amérique, on avait pu lire certain dialogue allégorique intitulé : Fragment de Xénophon nouvellement déposé dans les ruines de Palmyre, ete. Sous la Révolution, Lally avait fait parler, d’après Tite-Live, Quintus Gapitolinus aux Romains, et Mallet du Pan, d’après Salluste, Mithridate au roi des Parthes Arsace. Un amateur érudit, Héron de Villefosse, par la composition d’une sorte de centon historique, avait mis sous le couvert d'une soi-disant « société d'auteurs latins » le récit des principaux événements de la Révolution fran-

(4) Voir à La fin du volume (p. 422) la lettre du 19 février4er mars 1805.