Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

CONCLUSION

Après tant d’écrits, tant de voyages, tant de relations avec les maîtres de la politique et de la littérature dans toute l'Europe, d'Antraigues, proscrit de France, oublié en Italie et en Allemagne, disgracié en Russie, à peine toléré en Angleterre, laissait derrière lui un orphelin qu'il avait beaucoup aimé, élevé avec une constante sollicitude, et qui demeurait chargé de protéger sa mémoire, de relever, s’il était possible, la fortune de leur nom. La vie de cet enfant, dans ses tristes vicissitudes, contient, ce semble, toute la morale pratique de la vie qu’on vient de lire. Le fils de d’Antraigues et de la Saint-Huberty se débattit jusqu'à sa mort sous le poids d’un lourd héritage; il paya cher les illusions, les contradictions, les frivolités, les aventures qui avaient composé en France et hors de France l'existence tourmentée de ses parents.

En 1812, c'était un jeune homme de vingt ans, vivant loin de la maison paternelle et sous des influences qui amenèrent, quelques mois après la catastrophe du 22 juillet, son mariage avec une Irlandaise protestante, miss Fitz-Gérald. Après la chute de Napoléon, il écrivit à l'empereur Alexandre, dont il avait été, dont il souhaitait redevenir le sujet; mais il eut beau se réclamer des services de son père : sa supplique resta sans réponse. A la fin de 1816, il se décida à rentrer en France; il se proposait de revendiquer par tous les moyens légaux les