Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

380 APPENDICE.

tait quand c’est contre Mme Bonaparte et c'est tout. Elle a rendu de grands services et sauvé bien des gens. Mais elle craint tout pour Mme Bonaparte, désapprouve son ambition, sa folie, et pour elle est déterminée à ne jamais sortir de son obseurité où elle mène une vie aisée et fort douce.

Avoir trouvé cela est un trésor inappréciable. J'ai cru quek--1en deviendrait fou. J'ai voulu le lui faire connaitre, elle m'a priée de l'en dispenser, ne voulant ni voir ni connaître aucune des personnes employées, et ..... m'a priée de ne pas insister, mais je l'ai priée de venir me voir toutes les fois qu’elle pourrait et je l’ai comblée.

Elle y a été si sensible que la Bonaparte m'a écrit qu’elle était louchée aux larmes de ma bonté pour sa tante. Elle y a pris goût et vient souvent, el j'ai lieu de croire que c'est d'elle-même. Trouvant un jour ..... chez moi, elle s’y accoutumera, cela serait fort nécessaire, parce qu’il faut bien lui expliquer ce que l'on veut savoir; elle ne manque pas, ensuite, avec beaucoup de bon sens, de rendre de très bonnes réponses.

Elle se déroule chaque jour davantage, et c’est par là que j'ai su que la Bonaparte soulient à cor et à cri Fouché contre tout ce que peut faire Talleyrand. Elle communique par sa tante avec lui et lui rapporte tout. Ce n'est pas tout; quand elle a besoin d'argent c'est sa ressource; il en a toujours pour elle, et, comme elle le soulient de toutes ses forces, son crédit sur Bonaparte est tel que, ses frayeurs élant excessives, toutes Les sommes qu'il demande lui sont données par Bonaparte lui-même.

Ce Fouché est un scélérat à froid, résolu de faire Lout le mal possible pour tenir Bonaparte toujours effrayé, el, au grand regret de Tallegrand, il a permis à Fouché d’avoir à lui une police dans l'étranger qui réponde à lui seul et de lui à Bonaparte seul.

On n'a pas empêché Talleyrand d’avoir la sienne, mais vous sentez ce que c'est que d’en savoir une autre plus accrédilée, suivant les mêmes marches. Il a voulu faire dé-