Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

382 APPENDICE.

d'ailleurs on l’a assuré que tous vos papiers étaient remis au fur ét à mesure au ministre russe à Dresde; que vous arrêter était une violence impraticable sans une violence ouverte, étant logé au milieu de la ville; qu'il fallait d'ailleurs passer sur terre prussienne; que, si la guerre éclatait avec la Prusse et la Russie, cela serait aisé, en S'y prenant avec célérilé, mais ne serait jamais ni sûr, ni sans danger, les Français, d’après ce qu'on lui avait dit, n'étant pas aimés à Dresde, et que la garnison était peu sûre et peu praticable en ce moment.

Voilà ce que j'ai lu; sur ce, Talieyrand a jeté feu et flamme contre Fouché. Dans l'affaire de Rumbolt il a été vendu, et cela est tombé; au moins j'ai tout lieu de le croire et la Copons aussi. Mais, ce qui vous fera voir la seélératesse de Fouché, c’est que, la Copons lui disant : « Mais c'est heureux de n'avoir pas fait cela, si on peut faire la paix avec la Russie ». « Bah! lui dit-il, qu'est-ce que cela fait? On l'aurait fusillé sur-le-champ, et on ne fait pas la guerre pour un corps mort. »

Sachant cela, j'ai été revoir la Bonaparte, la Copons lui ayant dit qu'elle m'avait raconté cela et elle l'ayant trouvé bon, pour l’amener à en causer, ce qui n’a pas élé difficile, car elle sait mon amitié pour voire nièce et ma parenté avec elle; aussi cela a-t-il été naturellement. J'y ai été seule vendredi 7, à neuf heures. Ma tante y étant et s’en étant allée tout de suite, nous avons causé de la Copons, el elle, toujours très reconnaissante de ma bienveillance pour elle, m'a dit la première : « Elle vous à raconté ce que voulait faire Fouché à d'Antraigues? — Oui, lui dis-je, mais c’est singulier qu’on ne veuille pas l'oublier; on n’en a déjà que trop parlé: c’est y attacher trop d'importance. — Oh! non, me dit-elle avec vivacilé; ce n'est pas comme ça : c’est que c'est trop insolent aussi à cet homme d’insulter ouvertement Bonaparte. — Mais, lui dis-je, on ne m'a pas dit ce qu'il lui a fait. — Mais ne le voyez-vous pas donc? Pourquoi n'est-il pas rentré en France? Bonaparte